Toulouse – Le 1er Novembre 2012
« Un moment exceptionnel » (François Hollande)
C’est un évènement historique qui s’est déroulé jeudi 1er novembre à l’école Ohr Torah. La visite du Premier Ministre israélien, Binyamin Netanyahu était déjà « un signe fort » de soutien et de réconfort pour la communauté juive de Toulouse. Bien plus encore, lorsque le Président François Hollande, dont la visite n’était initialement pas prévue, a changé son emploi du temps pour accompagner son invité d’honneur. « Un geste extraordinaire » selon Richard Prasquier, président du CRIF.
Il faut dire que la tragique fusillade du 19 Mars dont l’horreur a atteint des sommets dignes des heures sombres de l’Histoire a profondément meurtri non seulement le monde juif mais aussi tout citoyen français. Sept mois après, la plaie est encore béante.
Arié Bensemoun et les principaux dirigeants de la communauté juive ont accueilli, dans le gymnase de l’école, les cinq cent personnes ainsi rassemblées dans un hommage poignant autour du Premier Ministre israélien et du Président français qui était accompagné pour l’occasion des ministres Vincent Peillon et Kader Arif.
Dignité et recueillement
Tour à tour, les familles de Jonathan, de Arié, de Gabriel Sandler et de Myriam Monsonego se sont exprimées avec beaucoup d’émotion et de dignité. Eva Sandler, dont les propos reflètent une nouvelle fois la grandeur de son âme nous confiera « Je me pose la question : mes enfants, mon mari, attendent-ils de moi que je vive comme une victime ou que je réfléchisse à une vie au centre de laquelle seraient les valeurs morales et éthiques ? »
rajoutant « Il faut faire en sorte que la recherche d’un idéal ne passe pas par le désir de détruire l’autre ».
S’ensuivront de la part de Binyamin Netanyahu et François Hollande des accolades et des regards remplis de compassion face à une souffrance partagée, donnant ainsi une dimension humaine en s‘affranchissant du protocole habituel qui laisse peu de place à la spontanéité.
La sécurité des Juifs : « une cause nationale »
Après un temps de recueillement et de prières pour Israël et pour la France en compagnie des rabbins de Toulouse et de Gilles Bernheim, grand rabbin de France, le Président de la République a tenu à rassurer la communauté juive. Il a mis un point d’honneur sur la sécurité des Juifs de France en la qualifiant de « cause nationale » et s’est engagé à « combattre sans relâche » l’antisémitisme sous toutes ses formes visibles comme masquées. Il a admis que « Le drame de Toulouse avait révélé certaines failles dans l’organisation du renseignement (français) », que « Toute la lumière serait faite » avant de rajouter « Contre le terrorisme, (la France) est sans faiblesse. »
« Un esprit de résistance »
Le Premier Ministre israélien a prononcé un discours à la fois ferme et rassurant sous une salve d’applaudissements d’un public scandant affectueusement « Bibi ! » son surnom. Saluant dans un français presque parfait son « cher ami » François Hollande, Binyamin Netanyahu a exprimé toute son émotion face à la « douleur » et au « courage » de la communauté juive. Il a ensuite rappelé l’horreur de l’antisémitisme sous ses diverses formes à travers l’Histoire et comment ce même esprit avait animé le djihadiste toulousain lors de l’exécution froide et haineuse de ses victimes : « S’il en avait eu la possibilité, cet assassin aurait tué chaque enfant juif qu’il aurait croisé sur son chemin, exactement comme les nazis. »
Binyamin Netanyahu relèvera la différence entre l’antisémitisme vécu lors des pogroms ou de la dernière guerre et celle de la tuerie du 19 Mars : Contrairement aux gouvernements de l’époque qui n’avaient rien fait pour arrêter l’antisémitisme et qui y avaient même collaboré, la France, à travers son Président François Hollande « a parlé contre cette folie et agit contre elle », dans un esprit de «résistance». Cette résistance « qui a donné à la France des dirigeants et des personnalités comme Jean Moulin. »
« Qui touche à un Juif de France touche à la France »
Le Premier Ministre israélien a aussi souligné le caractère universel de l’antisémitisme et le danger qu’il représente pour les Droits de l’Homme et de tous les peuples et toutes les civilisations par extension. Il a cité les trois soldats chrétien et musulmans, Imad Ibn Ziaten, Abel Chennouf et Mohammed Legouade, comme victimes de cette même haine, leur rendant ainsi hommage.
« Am Israel hai ! » (« Le peuple d’Israël vivra ! »)
Certains se diront surpris, d’autres choqués par l’invitation sioniste lancée à la communauté juive de France de rentrer à la maison, en Israël, maintenant que ce pays possède « son propre État et sa propre armée ». En sa qualité de Premier Ministre, Binyamin Netanyahu se devait de le faire. Tout comme le Président français se devait de répliquer que « La place des Juifs de France, s’ils en décident, c’est d’être en France, de travailler en France, de vivre en France, à condition qu’ils soient pleinement en sécurité ». Un choix qui se pose actuellement pour de nombreuses familles juives françaises face à la montée de l’antisémitisme.
Le Premier Ministre israélien achèvera son discours en rappelant à tous ceux qui menacent l’existence d’Israël trois mots importants : « AM ISRAEL HAÏ » (« Le peuple d’Israël vivra ») avant de le reprendre en chantant à l’unisson avec une salle des plus enthousiaste.
Du côté israélien
Du côté israélien, la presse s’est montrée particulièrement élogieuse à l’égard de François Hollande qui s’est montré très ferme face à la menace de l’Iran. Zvi Hauser, Secrétaire du gouvernement israélien a estimé que la France était « le principal fer de lance du combat international contre la menace iranienne. » Dans l’entourage du Premier Ministre, on n’hésitait pas à affirmer qu’Israël pouvait compter sur « un véritable ami à Paris. »
Le quotidien Israel Hayom estime de son côté que le Premier Ministre israélien a atteint les trois objectifs qu’il s’était fixés à la veille de sa visite en France : 1) Créer une relation de proximité avec François Hollande ; 2) Renforcer la pression sur l’Iran ; 3) Convaincre la France de ne pas soutenir une adhésion palestinienne à l’ONU.
Un signe fort pour la relation France-Israël
Il est à espérer que de cet acte historique jaillira une nouvelle dynamique dans la relation bilatérale entre Israël et la France. Cette dernière s’offre une nouvelle fois l’opportunité de jouer un rôle déterminant sur la scène internationale, notamment dans le conflit qui agite le Moyen-Orient. « J’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité. » nous enseigne la Bible et c’est aussi notre prière pour notre nation de France.
NA – CS © Shalam 2012