Monsieur le Premier ministre, Monsieur le ministre, Monsieur le maire,
Monsieur le Grand rabbin, Mesdames, messieurs,
Il y a sept mois et dix jours, ici, devant cette école, un terroriste dont la barbarie armait la lâcheté, tuait Jonathan SANDLER, 30 ans, ses deux enfants Arieh et Gabriel ainsi que Myriam MONSONEGO, la fille du directeur, et blessait grièvement un adolescent de 17 ans Aaron BIJAOUI.
C’était le 19 mars 2012 et toute la France était saisie d’effroi. J’étais venu, à Toulouse, ce jour-là , exprimer ma compassion. Je revois ces visages bouleversés de ces parents brisés par le chagrin. J’entends encore les cris et les pleurs. Je me souviens de la dignité, du courage mais aussi de l’inquiétude de tous ceux qui s’étaient rassemblés ici même. Je ne les oublierai jamais.
Aujourd’hui, c’est comme chef de l’Etat que je reviens, dans les mêmes lieux, cette école, votre école, pour évoquer la mémoire de ces victimes et partager la peine de leurs familles avec le Premier Ministre d’Israël.
Ces enfants de France reposent aujourd’hui à Jérusalem. Nos deux pays, nos deux peuples, sont réunis autour de leur souvenir.
Monsieur le Premier Ministre, vous représentez un pays créé, au lendemain de la Shoah, pour servir de refuge aux juifs.
C’est pourquoi chaque fois qu’un juif est pris pour cible parce que juif, Israël est concerné. C’est le sens de votre présence. Je la comprends, je la salue.
Aussi, je veux rappeler devant vous, la détermination de la République Française à combattre l’antisémitisme.
Il sera pourfendu dans toutes ses manifestations, les mots comme les actes.
Il sera pourchassé partout, y compris derrière toutes les causes qui lui servent de prétextes ou de masques.
Il sera poursuivi par tous les moyens partout où il se diffuse, en particulier sur les réseaux sociaux qui accordent l’anonymat à la haine.
Les juifs de France doivent savoir que la République met tout en œuvre pour les protéger. La garantie de leur sécurité, est une cause nationale ; elle n’est pas l’affaire des juifs mais celle des Français dans leur ensemble. Cette garantie devra en priorité être celle des écoles, car aucun enfant ne doit avoir peur en allant étudier, aucun parent ne doit craindre de laisser ses enfants partir en classe.
Contre le terrorisme mon pays est sans faiblesse.
Son honneur, c’est de conduire ce combat sans jamais renoncer à ses principes.
Le drame de Toulouse a révélé certaines failles dans l’organisation de notre renseignement. Un rapport a été établi à la demande du ministre de l’intérieur pour faire la lumière sur ce qui s’est passé. Je m’engage une nouvelle fois devant vous aujourd’hui : toute la vérité sera faite. Nous la devons aux familles et aux Français. Nous devons tirer toutes les leçons de cette tragédie et briser le plus tôt possible les engrenages terroristes.
C’est pourquoi, notre gouvernement vient de déposer un projet de loi qui étend les moyens d’action dont nous disposons, dans le respect du droit. Nous serons intraitables avec ceux dont il aura été établi qu’ils ont séjournés dans des zones perméables à l’influence des pires idéologies de la haine. Tous nos services sont mobilisés pour intervenir.
Mais notre force, c’est notre unité.
C’est dans l’unité, au-delà de leurs différences, et nous étions en campagne électorale, que les Français s’étaient retrouvés pour pleurer ces enfants, pour dire leur solidarité aux survivants et aux familles. Toutes les religions s’étaient rassemblées pour affirmer les mêmes principes, les mêmes condamnations, les mêmes exigences.
C’est dans l’unité que nous luttons contre le terrorisme et que nous refusons les amalgames. L’islamisme radical n’est pas l’Islam.
Tous les Français, quelles que soient leurs origines, leurs croyances, leurs religions doivent être respectés et protégés.
C’est la liberté de conscience que garantit la laïcité qui fonde notre République.
Et le terrorisme concerne tous les Français, car l’homme qui a assassiné des juifs dans cette école, avait délibérément tiré quelques jours auparavant, sur trois soldats.
Je veux associer leur nom à ceux des martyrs de Toulouse : Imad IBN-ZIATEN, Abel CHENNOUF, Mohamed LEGOUAD. Trois hommes qui avaient choisi de servir la patrie et qui sont tombés parce qu’ils portaient l’uniforme de notre armée.
Monsieur le Premier Ministre, nous sommes ici côte à côte car nos deux peuples sont solidaires dans ce drame.
Nous sommes ici ensemble car nous voulons avec cette cérémonie rendre hommage aux victimes, à toutes les victimes de l’antisémitisme, du racisme et du terrorisme.
Nous sommes réunis dans cette école pour dire que la vie est plus forte que tout, qu’elle ne cède devant aucune menace, aucune épreuve, aucune tragédie. Les parents ici présents en font la démonstration. Tous sont restés après le drame.
Et en ce 1er novembre, jour où les Français ont une pensée pour leurs défunts, l’école Ohr Torah représente un symbole, celui de la souffrance inconsolable mais aussi le symbole de l’espérance inaltérable. La France s’en montrera digne.